Chronique : Avril Lavigne - Under My Skin

Hier, le deuxième album d’Avril Lavigne, Under My Skin, célébrait ses 20 ans. Cet album m’a marqué à un point qui me paraît encore aujourd’hui insensé. Mais les souvenirs existent bel et bien, et les frissons se font toujours ressentir, même vingt ans après. En 2019, peu de temps après la sortie de son album Head Above Water, j’écris un article sur sa carrière et l’impact que sa musique a eu sur moi, de mes plus jeunes années à maintenant. Mes quelques lignes à propos d’Under My Skin sont encore valables aujourd’hui. Il y a peu d’albums dont je connais chaque note et chaque pause par coeur, et Under My Skin d’Avril Lavigne en fait définitivement partie !

Pour redonner du contexte à l’ensemble, Avril Lavigne a seulement 19 ans lorsqu’elle entre en studio pour enregistrer Under My Skin. Elle s’entoure alors d’une petite équipe : Chantal Kreviazuk, qui l’assistera sur l’écriture de la moitié des titres, Raine Maida, le mari de Chantal Kreviazuk, attaché à la production et co-auteur du titre ‘Fall To Pieces’, Evan Taubenfeld, l’un des plus vieux amis et lead guitariste sur la première tournée de la chanteuse, Don Gilmore, et Butch Walker, également à la production sur les titres ‘Don’t Tell Me’, ‘My Happy Ending’ et ‘Freak Out’. Des gens de confiance donc, qui permettent à la chanteuse d’enregistrer sereinement dans la maison du couple Maida-Kreviazuk, à Malibu.

Lorsque j’écoute cet album pour la première fois, je suis frappée par le travail des mélodies. Puis, plus tard, en lisant et en traduisant les textes – je n’avais pas le même niveau de compréhension en anglais qu’aujourd’hui -, je suis surprise de la maturité qu’a acquise Avril. Je le rappelle : elle a 19 ans lorsqu’elle commence l’enregistrement d’Under My Skin, ce qui suppose que les paroles sont écrites depuis un bon moment déjà. Un album plus mûr, plus réfléchi, et auquel on prête des influences bien plus rock que son prédécesseur, voire grunge, ce que je valide, tant dans les faits que dans la démarche. C’est sans doute ce pourquoi Under My Skin est encore à ce jour mon album préféré d’Avril Lavigne.

« J'ai participé à tous les aspects de la réalisation de cet album. Je suis très pragmatique. Je savais comment je voulais que la batterie, les sons de guitare et les structures sonnent. Je comprends beaucoup mieux tout le processus cette fois-ci, parce que je l'ai vécu. Je suis très exigeante avec mon son. »

Avril Lavigne a donc couché sur le papier ses sentiments, bien sûr, ses expériences, certainement, mais s’est surtout livrée comme jamais, d’où le titre du disque. Avec le recul, je pense que le seul album qui ressemble le plus à Under My Skin sur ce plan est Head Above Water (2019), qui signe le retour de l’artiste sur la scène après son combat contre la maladie de Lyme. Mais je m’égare…

Lorsque sort le premier single ‘Don’t Tell Me’, j’ai onze ans, mais je chante les paroles comme si j’étais le personnage principal, alors que je n’en comprends pas un traître mot. Je me revois l’imiter à la guitare sur le dernier refrain (on se moque pas !), comme dans le clip. De même, ‘He Wasn’t’ a été un exutoire, comme si c’était moi que l’on venait de larguer. Mais mon titre préféré reste ‘My Happy Ending’. Je ne saurais vraiment expliquer pourquoi, mais il m’a marqué et continue de me donner des frissons à chaque fois que je l’écoute.

Under My Skin est, selon moi, un album exceptionnel car il n’y a pas une seule chanson que je passe. Avant, je l’avoue, j’avais tendance à skip ‘How Does It Feel’ car je n’étais pas fan de cette baisse d’énergie juste après ‘He Wasn’t’, et juste avant ‘My Happy Ending’. Aujourd’hui, j’ai appris à apprécier ‘How Does It Feel’ et la noirceur qu’elle dégage non seulement dans la mélodie, que je n’aurais jamais associée à Avril, mais aussi dans son message.

Deux autres surprises planent sur Under My Skin : la première, c’est la participation exceptionnelle de Ben Moody, qui venait de quitter Evanescence, à la composition du single ‘Nobody’s Home’. Cette guitare sèche que l’on entend presque tout au long du titre lui donne toute sa douceur et contraste avec des paroles au message sombre. Je regrette qu’Avril Lavigne n’ait pas forcément rappelé le musicien pour une nouvelle collaboration. La seconde surprise vient avec ‘Forgotten’, sans doute la plus heavy de la tracklist. Ces lignes de guitare absolument folles couplées à la batterie de Josh Freese (The Vandals, A Perfect Circle, Foo Fighters…), transcendées par la production de Gilmore… Quel morceau !

« The day you slipped away
Was the day I found it won't be the same »

Mais le titre qui m’aura brisé le coeur est ‘Slipped Away’, d’autant plus lorsque j’apprends le propos derrière les paroles. Avril Lavigne est plongée dans le Try To Shut Me Up Tour, et avant l’un des concerts en Amérique du Sud, elle apprend le décès de son grand-père, de qui elle était très proche. On rappelle qu’à cette époque, la chanteuse est très jeune et découvre plusieurs pays du monde pour la première fois. J’ose à peine imaginer le trauma qui la frappe à ce moment-là… Aujourd’hui, je m’identifie un peu à elle à ce sujet, ayant perdu mon papa alors que je n’étais pas auprès de ma famille ce jour-là. Une histoire pour un autre jour.

Le titre bonus qui figure sur Under My Skin s’appelle ‘I Always Get What I Want’, et je pense que les paroles résument plutôt bien l’état d’esprit d’Avril Lavigne depuis le début de sa carrière. Prête à aucune concession, sûre d’elle et encore plus de ce qu’elle souhaite véhiculer, tant à travers son image que ses chansons. Hors de question d’être entourée de grands auteurs qui lui écriraient des paroles éloignées de son identité artistique, ou de suivre une voie qui ne lui apporterait que frustration !

Depuis plus de vingt ans, Avril Lavigne suit son coeur et on peut dire que ça lui a plutôt réussi (sauf pour le titre ‘Hello Kitty’, qui selon moi est une erreur de parcours, mais ça arrive !). Si j’avoue avoir décroché à l’aube de la période Love Sux car trop cliché selon moi, cette artiste reste parmi mes premiers coups de coeur musicaux de ma vie. Sans Avril Lavigne, le monde de la musique alternative rock / pop rock aurait manqué d’un quelque chose de bien trop important pour ne pas le reconnaître.

Le 10 juillet prochain, après avoir hésité longtemps avant de me décider à la voir en concert, je serai aux Arènes de Nîmes pour applaudir Avril Lavigne. Je suis d’ores et déjà désolée pour la personne que je vais devenir, mais j’attends ça depuis que j’ai commencé à suivre la chanteuse, il y a de cela plus de vingt ans.

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Avril Lavigne
Under My Skin

Origine : Belleville, Ontario, Canada

Date de sortie : 25.05.2004

Labels : Arista Records / RCA Records

Genre.s / sous-genre.s : alternative rock, pop rock

Écouter Under My Skin